Notes sur les choses
De toute façon, les auteurs meurent généralement dépressifs et sans argent. Voilà au moins deux choses sur lesquelles ma carrière reste prometteuse.
Les gens que j’aime me disent de faire. Quand je fais, les gens que j’aime me disent de me calmer.
Chose à faire : trouver comment faire pour vivre quand on sait pas trop comment faire.
Je me suis dit un jour que tout finirait par s’arranger. Je me suis découvert un grand sens de l'humour.
Les balcons étaient au rez-de-chaussée, sur le parking.
Je pousse la pancarte paysage derrière, ma maison.
je croque dans cette viande surgelée dans ce pain à la viande. de la viande surgelée dans tous les ingrédients dans le pain dans le steak dans la salade, une salade à la viande, des tomates de viande, pas de cheddar pas de sauce et quelqu'un me regarde — une personne chère — pour me faire plaisir m’offrir ce burger surgelé et me dit alors c’est bon ? et je n’ai que l’idée en tête de trouver une poubelle dans laquelle jeter cet objet dégueulasse dans lequel je croque par politesse sans que cette personne — ce quelqu’un de cher qui m’offre ce morceau de viande surgelée — ne le remarque
Le monde est très grand et très seul.
Chose à faire : Trouver une solution pour obtenir une place dans le monde tout en continuant à le détester.
Je suis sortie un jour et je me suis rendu compte qu’autour de moi je ne comprenais rien. Les mots avaient changé. Des sons sortaient des bouches sans pouvoir rien en tirer. Quel soulagement.
Gros stress hier. Balade en haute montagne et là gênée les pieds qui buttent sur : un fauteuil rose à franges, une coiffeuse, des bijoux qui dégueulent des tiroirs et une armoire ouverte pleine de robes. La montagne, les chaussures de rando, le short qui gratte, l’hydrapack coincé dans les dents, la vue imprenable, l’impatience du sandwich à la tomate dans le sac et sur le chemin : coiffeuse, robes, bijoux, fauteuil à franges. La nuit tombe d’un seul coup, mais une nuit de matin d’hiver, pas une nuit du soir. Un homme fauche du blé en contrebas, m’aperçoit, furieux, il déboule, fourche en main. C’est les affaires de son amie, je m’excuse, il l’a mangée, il ne lui reste que ses affaires, je ne traîne pas.
On se demande parfois quelles forces nous poussent vers ces endroits où tout se passe bien. Les gens sont heureux, égaux, pas de mérite, pas d’effort, le travail que chacun exerce est en parfaite adéquation avec ses prédispositions naturelles : horaires, charge de travail, force physique, concentration, talents, passions, envies, désirs, aspirations, rêves, qualités, défauts. On ne gagne pas sa vie puisqu’elle est inhérente à notre premier cri. On ne s’évertue pas à devenir quelqu’un puisque nous existons déjà assez comme ça. Ces endroits où l’harmonie du monde se met en œuvre naturellement avec notre harmonie interne.
Cette nuit, à 2 heures : la fin du monde.
J’ai pris le bus à Garches et je me suis retrouvée en Amérique. Ça n'arrive pas souvent.
je marche au bord de
feu la rivière
plouf plouf disparue
je me penche au dessus du
creux profond du lit et là
plouf plouf qui je vois
les poissons qui suffoquent
“Selon toute vraisemblance, toute ma vie se déroulera dans une terrible pauvreté et je ne vivrai bien que tant que je resterai à la maison, et puis, peut-être, si je vis jusqu’à 35-40 ans.” Daniil Harms
Notes sur les choses
De toute façon, les auteurs meurent généralement dépressifs et sans argent. Voilà au moins deux choses sur lesquelles ma carrière reste prometteuse.
Les gens que j’aime me disent de faire. Quand je fais, les gens que j’aime me disent de me calmer.
Chose à faire : trouver comment faire pour vivre quand on sait pas trop comment faire.
Je me suis dit un jour que tout finirait par s’arranger. Je me suis découvert un grand sens de l'humour.
Les balcons étaient au rez-de-chaussée, sur le parking.
Je pousse la pancarte paysage derrière, ma maison.
je croque dans cette viande surgelée dans ce pain à la viande. de la viande surgelée dans tous les ingrédients dans le pain dans le steak dans la salade, une salade à la viande, des tomates de viande, pas de cheddar pas de sauce et quelqu'un me regarde — une personne chère — pour me faire plaisir m’offrir ce burger surgelé et me dit alors c’est bon ? et je n’ai que l’idée en tête de trouver une poubelle dans laquelle jeter cet objet dégueulasse dans lequel je croque par politesse sans que cette personne — ce quelqu’un de cher qui m’offre ce morceau de viande surgelée — ne le remarque
Le monde est très grand et très seul.
Chose à faire : Trouver une solution pour obtenir une place dans le monde tout en continuant à le détester.
Je suis sortie un jour et je me suis rendu compte qu’autour de moi je ne comprenais rien. Les mots avaient changé. Des sons sortaient des bouches sans pouvoir rien en tirer. Quel soulagement.
Gros stress hier. Balade en haute montagne et là gênée les pieds qui buttent sur : un fauteuil rose à franges, une coiffeuse, des bijoux qui dégueulent des tiroirs et une armoire ouverte pleine de robes. La montagne, les chaussures de rando, le short qui gratte, l’hydrapack coincé dans les dents, la vue imprenable, l’impatience du sandwich à la tomate dans le sac et sur le chemin : coiffeuse, robes, bijoux, fauteuil à franges. La nuit tombe d’un seul coup, mais une nuit de matin d’hiver, pas une nuit du soir. Un homme fauche du blé en contrebas, m’aperçoit, furieux, il déboule, fourche en main. C’est les affaires de son amie, je m’excuse, il l’a mangée, il ne lui reste que ses affaires, je ne traîne pas.
On se demande parfois quelles forces nous poussent vers ces endroits où tout se passe bien. Les gens sont heureux, égaux, pas de mérite, pas d’effort, le travail que chacun exerce est en parfaite adéquation avec ses prédispositions naturelles : horaires, charge de travail, force physique, concentration, talents, passions, envies, désirs, aspirations, rêves, qualités, défauts. On ne gagne pas sa vie puisqu’elle est inhérente à notre premier cri. On ne s’évertue pas à devenir quelqu’un puisque nous existons déjà assez comme ça. Ces endroits où l’harmonie du monde se met en œuvre naturellement avec notre harmonie interne.
Cette nuit, à 2 heures : la fin du monde.
J’ai pris le bus à Garches et je me suis retrouvée en Amérique. Ça n'arrive pas souvent.
je marche au bord de
feu la rivière
plouf plouf disparue
je me penche au dessus du
creux profond du lit et là
plouf plouf qui je vois
les poissons qui suffoquent
“Selon toute vraisemblance, toute ma vie se déroulera dans une terrible pauvreté et je ne vivrai bien que tant que je resterai à la maison, et puis, peut-être, si je vis jusqu’à 35-40 ans.” Daniil Harms